Monday, June 05, 2006

Citation du 6 juin 2006

1 - « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant. »

2 - « La nature laisse plus aisément échapper son secret lorsqu'elle est tourmentée et comme torturée par l'art, que quand on l'abandonne à son cours. »

Bacon - Novum organum

Au XVIIème siècle, la nature est conçue comme un mécanisme inexorable ; ses lois sont immuables ; on ne peut que les utiliser, les combiner pour obtenir des effets nouveaux en accord avec nos besoins. L'activisme humain doit donc être réfléchi et mesuré, limité à la recherche. Lorsqu’il s’agit de découverte, l’observation respectueuse n’est en effet plus de mise. Il faut éventrer les cadavres, briser les cailloux, dévier la lumière du soleil, en un mot contrarier la Création.

Cette ambivalence est plus que jamais en question aujourd’hui : non seulement nous contrarions la création, mais nous allons beaucoup plus loin : nous prétendons la refaire. Car, si nous nous proposons de commander à la nature, c’est bien en la transformant, en supprimant les barrières qui séparent les espèces et les genres

Exemples :

1 - Entre les carnivores et les herbivores : on fait manger de la farine de viande aux ruminants (cf. la Vache folle)

2 - Les animaux et les végétaux : par manipulation génétique on est parvenu à faire produire de l’hémoglobine à des plants de tabacs.

3 - La reproduction sexuée : le clonage reproductif permet de « bouturer » un animal comme on le ferait pour une plante.

Les alchimistes rêvaient de transmuter la matière pour obtenir de l’or avec du vil plomb. Nous savons aujourd’hui que transmuter la matière est infiniment moins difficile que manipuler la vie ; et cela aussi nous savons le faire. C’est dire que notre pouvoir dépasse la simple mise en oeuvre des lois naturelles pour imposer les notre : certes, nous n’avons pas inventé le code génétique, mais nous écrivons avec des textes que la nature n’a pas écrits elle-même.

Descartes proposait que nous devenions « comme maîtres et possesseurs de la nature » ; nous savons aujourd’hui que le « comme » est de trop.

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