Monday, June 26, 2006

Citation du 27 juin 2006

Ce qui caractérise l'homme d'action, c'est la promptitude avec laquelle il appelle au secours d'une situation donnée tous les souvenirs qui s'y rapportent ; mais c'est aussi la barrière insurmontable que rencontrent chez lui, en se présentant au seuil de la conscience, les souvenirs inutiles ou indifférents.

Bergson - Matière et mémoire. (Chapitre III)

Bergson décrit une histoire à trois personnages :

- d’un côté, l’impulsif : il est actif, mais il ne tient aucun compte de l’expérience passée. Il est tout entier dans le présent.

- de l’autre, le rêveur : celui-ci, il n’agit pas, tout son temps est occupé à revivre les souvenirs passés, sans rapport avec la situation présente, uniquement pour le plaisir.

- entre les deux, l’homme d’action : c’est sa description qui est contenue dans le texte cité ; à la fois actif, donc dans le présent et en prise avec le passé ; ses souvenir sont bien là, mais entrelacés avec le vécu au lieu d’en être coupé. C’est la règle pour toute action, nous tous nous agissons ainsi.

Sommes-nous pour autant des « Hommes d’action » ? Nullement. Car pour associer le passé au présent, il faut que seul le souvenir associable au présent soit rappelé dans la mémoire ; et cela nous le faisons tous dans l’hésitation, l’incertitude, le doute, le calcul des causes et des conséquences. L’homme d’action est celui qui fait ce choix sans avoir à peser ses souvenirs, sans avoir pris le temps de les évaluer, de les trier. Dans l’urgence de l’action, l’intuition est la règle. L’homme d’action est l’exact contraire d’un ordinateur.

Ainsi se trouvent réglées quelques questions posées aux philosophes, du genre : La machine pense-t-elle ? L’ordinateur est-il un cerveau électronique ? Peut-on parler d’« intelligence artificielle » ? Toutes ces questions sont balayées par Bergson dans le cas de la prise de décision : là où la machine égrène toutes les informations engrangées dans sa mémoire, analysant item par item l’ensemble des solutions déjà connues, et créant toutes les combinaisons possibles à partir de là, l’homme n’examine que les possibilités utiles pour lui. Il ne perd pas son temps à les choisir ; il ne les cherche pas, il les trouve (1).

(1) Voir la Citation du 28 avril

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