Le temps perdu c'est le temps pendant lequel on est à la merci des autres.
Boris Vian
Malgré les apparences, on ne va pas demander encore une fois au poète de nous expliquer ce que c’est que le temps. Par contre, on va trouver quelque chose comme une boussole qui nous indique où trouver le sens de la vie. Déjà pas mal…
Comprenons aussi que Boris Vian ne se borne pas à nous suggérer que lorsqu’on bosse pour un patron, on n’est pas libre parce qu’il fait de nous ce qu’il veut - ou à peu près - et qu’en tout cas nous ne faisons pas ce que nous voulons pour nous mêmes.
Car, et c’est là l’essentiel de cette citation, pour ne plus être à la merci des autres, il faut déjà être quelque chose - ou quelqu’un - soi-même. Comme le disait Kant (1), la minorité c’est dépendre de quelqu’un qui nous dit ce que nous devons faire, que ce soit pour conserver la santé ou pour choisir notre vie.
C’est donc aussi un bon remède contre les excès commis par les parents et les éducateurs. Qu’est-ce qui vous dit que vous ne faites pas perdre leur temps à vos enfants (ou à vos élèves) quand vous les obligez à faire des devoirs de vacances ou quand vous leur imposez je ne sais quoi - tiens, disons une visite de musée ? A quoi ça va leur servir, si ça ne sert pas à assouvir leur besoin de se réaliser, de se développer un peu plus ?
Alors, bien sûr, pour ne plus être à la merci des autres, il faut quand même compter sur eux. Il faut qu’ils montrent ce qu’on ne connaîtrait pas tout seul, qu’ils incitent à apprendre ce qu’on n’aurait pas le courage de s’imposer à soi-même, qu’ils payent les études…
Oui, il faut tout cela. Mais il faut que tout cela soit émancipateur, et pour l’être, il faut que l’enfant devienne adulte grâce à tout cela. Adulte, c’est à dire différent : car copier un modèle, c’est encore être à la merci de lui.
Il est long le temps pour devenir adulte… mais ce n’est pas du temps perdu.
(1) « Il est si aisé d’être mineur… » Voir le texte
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