- On ne naît pas femme : on le devient.
Simone de Beauvoir
- Le sculpteur Clésinger, gendre de Georges Sand, se dispute avec sa belle-mère :
- Clésinger : et moi je vais sculpter votre cul et tout le monde le reconnaîtra ! (Anecdote rapportée par les Goncourt dans leur Journal)
- Et nous, apercevant la photo publiée par Nouvel Obs. :
- Tiens, mais c’est le cul de Simone…(1)
On ne naît pas femme : on le devient. Cette photo nous apprend que cette phrase, passée dans notre culture générale (la seule qu’on y trouve de Simone de Beauvoir) ne doit pas être entendue de façon stricte, un peu comme si on pouvait - comme si elle avait - renoncer à toute féminité. Elle était fière d’être la femme dont le corps pouvait séduire les hommes (et les femmes, je sais)
On naît femme - ou homme - non seulement physiologiquement, mais aussi sociologiquement ; mais ce qui compte comme dirait Sartre, c’est ce qu’on fait avec ce qu’on a fait de nous. C’est ça devenir femme.
Maintenant supposez que Simone de Beauvoir - ou Jean-Paul, ou qui vous voudrez - ait dit : « On ne naît pas homme, on le devient » - et bien sûr par homme on entendra le mâle. Pensez-vous que cette phrase aurait choqué autant que celle qui concerne la femme ?
Moi je dis que l’un des préjugé des hommes face aux femmes est de croire qu’elles sont rivées par la Nature à leur nature. Que leurs capacités, leurs humeurs, leur rôle dans la société est strictement défini par leurs hormones - et par leur rôle reproducteur (2). Et que bien sûr, les hommes se font eux-mêmes, qu’ils sont le produit de leur volonté et de leur intelligence ; et donc qu’on ne peut que devenir homme.
Supposez donc maintenant que Le deuxième sexe n’ait expliqué que cela. Est-ce que ce ne serait pas un grand événement - rien que pour ça ?
(1) L’auteur de la photo raconte qu’il l’a prise au vol dans l’entre-baillement de la porte de la salle de bain. Simone de Beauvoir entend le déclic de l’appareil, elle se retourne et lâche : « Vilain garçon ». Façon de dire qu’elle n’était pas fâchée du tout…
(2) Je sais qu’on continue à polémiquer contre le refus de la maternité assumé par Simone de Beauvoir, comme si une femme ne devait pas refuser d’être mère, comme si elle était définie - prédestinée - à ne vivre pleinement que grâce à ça.
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