Vae Victis - (Malheur aux vaincus)
Brennus - 390 avant J.C.
Pourquoi on nous bassine avec Astérix, alors que le chef gaulois Brennus (1) a réellement existé et a eu plus de gloire que lui en allant mettre à sac Rome - qui n’échappe à la ruine totale que grâce aux oies du Capitole… Rome menacée, Rome sauvée par des oies : voilà de quoi nourrir l’imaginaire, autant sinon plus que l’usage de potion magique.
Pourquoi ce cri Malheur aux vaincus ? Comme si les vaincus n’étaient pas assez malheureux comme ça, qu’il faille revendiquer le droit de les accabler encore plus.
L’histoire - ou la légende - raconte que Brennus a prononcé cette phrase en rajoutant sa lourde épée dans le plateau des poids de la balance où était pesé le tribut d’or dû par les assiégés pour que leurs assaillants consentent à partir. A quoi bon protester de son droit quand on est le vaincu ? Nul droit ne s’attache encore à lui, et celui qui a perdu la bataille a tout perdu, même l’honneur !
En écrivant cela, je ne pense pas seulement à François 1er ; je pense aussi à Philippe Pétain qui en juin 1940 prétend négocier avec l’ennemi dans le respect de l’honneur de la France. On a vu ce qu’il en était.
Y a-t-il un droit de la guerre ? Oui, si l’on admet qu’il y a des criminels de guerre, désignés et jugés comme tels. En est-on vraiment sûr ? Devant quelle instance le vaincu fera-t-il valoir son droit lorsque celui-ci aura été bafoué par l’ennemi ? En réalité, cette instance, c’est toujours celle du vainqueur, après la guerre, et encore à condition que les exactions aient été commises par un clan qui a été finalement vaincu (2).
Je ne veux pas dire que la guerre fonde le droit du vainqueur. Je veux dire simplement que le vaincu n’a plus aucun droit … à faire valoir ses droits. Et donc qu’un droit du plus faible n’a de valeur que grâce au plus fort.
S’il le veut bien.
(1) Que ceux qui imaginent que le valeureux gaulois est celui dont le bouclier sert de trophée aux rugbymen se détrompent : le Brennus du bouclier est un artiste graveur ami de Pierre de Coubertin. Voir ici et là
(2) Voir le cas des criminels de guerre serbes
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