Le travail, c'est ce qu'on ne peut pas s'arrêter de faire quand on a envie de s'arrêter de le faire.
Boris Vian
Pour faire taire toutes les discussions sur la différence entre le travail et les loisirs, je dirais que cette simple phrase de Boris Vian est suffisante.
Quoiqu’on dise, le travail n’a pas pour fonction de satisfaire notre envie de travail. Si je suis artistes peintre, je peins pour mon plaisir et ma passion : je ne pourrais vivre sans ça. Mais si je peins une œuvre de commande, j’ai un sujet à réaliser, des dates à respecter pour la livraison. Si je suis free-lance, même chose : le public m’aime pour un certain style ; si j’en change il me laissera crever de faim avec mes tableaux invendus. Que j’aime ou non faire ce que je fais, c’est pareil : le travail c’est ça.
Qu’on relise Marx (Capital, 3-48) : cette activité [= le travail] constituera toujours le royaume de la nécessité. C'est au-delà que commence le développement des forces humaines comme fin en soi, le véritable royaume de la liberté. Seule une utopie, celle d’une société communiste autogérée, permettrait en rendant le travail facultatif, de le libérer. Mais serait-ce encore vraiment du travail ?
Alors, on dira : après tout, le joueur passionné comme le collectionneur compulsif, se trouve dans la même situation lorsqu’il est obligé de se faire interdire l’entrée des casino, ou bien lorsqu’il consulte un psychiatre spécialisé en addiction. Il est pris dans une contradiction qui l’oppose à lui-même, et non à un patron : certes. Mais ça répond tout de même à la définition de Boris Vian.
D’accord, mais ça prouve simplement que cette définition n’apporte pas une précision qui est indispensable. Le travail doit en plus être destiné à satisfaire des besoins vitaux et/ou sociaux. Le chasseur primitif lutte contre le sanglier pour avoir de quoi manger ; le viandard d’aujourd’hui le fait pour s’amuser. Mais il peut aussi organiser des safaris au Kenya parce qu’on y a des gens qui le paient pour ça. Dans ce cas, c’est de sa survie et non de son amusement qu’il s’agit : comme le peintre qui travaille sur commande, il fait ça pour gagner sa vie. C'est au-delà [du travail] que commence… le véritable royaume de la liberté. (idem)
Pas question de travailler plus pour s’amuser plus.
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