Du temps que les femmes ne votaient pas, on faisait la guerre pour elles. Maintenant qu'elles votent, on la fait pour le pétrole. Est-ce un progrès ?
Boris Vian
Commentaire I
Ah… Si seulement on était encore capable de faire la Guerre de Troie, pour récupérer la Belle Hélène…
Seulement voilà : il faudrait leur retirer le droit de vote. Sinon, qu’elles aillent au diable si elles le veulent, on a mieux à faire : on fait la guerre pour le pétrole.
Remarquez que Boris écrit ça probablement à l’époque du débarquement à Suez (1956). Les choses n’ont guère changé depuis, et on nous pronostique toujours plus de conflits pour la possession des champs pétrolifères.
Bon, pourquoi cette citation ? Sûrement pas pour revenir sur le caractère belliqueux des femmes : ça on l’a déjà fait. Mais plutôt parce qu’elle soulève un point important : si la guerre peut se justifier, ce serait sous l’impulsion de l’amour, et non pour satisfaire un intérêt économique.
- A-t-on jamais fait la guerre pour l’amour d’une femme ? Sans doute en a-t-on donné le prétexte. Mais qui pourrait dire que des intérêts économiques militaires ou politiques n’ont pas été plus déterminants ? En lisant Homère, on devine que les Achéens n’ont certes pas attaqué Troie seulement pour venger l’honneur de Ménélas : la prépondérance des cités grecques sur l’Asie mineure était un enjeu bien plus évident.
- Elargissons le champ : a-t-on jamais fait la guerre par simple passion ?
Là c’est plus évident : la haine du peuple voisin a souvent été à l’origine de multiples conflits. Mais justement : ce sont les peuples qui font ce genre de guerre ; le rois ou les dirigeants se servent de ces passions pour satisfaire leur appétit de pouvoir.
- Prenons un exemple : deux pays d’Amérique du sud ont entamé un conflit armé après un match de football au résultat contesté (1). Voilà très exactement ce dont Boris Vian se serait réjoui s’il l’avait connu : tant qu’à faire de se massacrer autant que ce soit pour l’honneur, et non pour le porte-monnaie.
(1) Il s’agit de la « Guerre des cent heures » ( ou « Guerre du football ») - juillet 1969 - entre le Salvador et le Honduras. Voir l’article très étoffé de Wikipedia.
No comments:
Post a Comment