Nous devons croire que tout a une cause, comme l'araignée tisse sa toile afin d'attraper des mouches, et le fait bien avant de savoir qu'en ce monde il existe des mouches.
Georg Christoph Lichtenberg - Le miroir de l'âme
Pas claire la citation de Lichtenberg…
Proposons une paraphrase : Nous devons croire que tout a une cause, comme [nous croyons que] l'araignée tisse sa toile afin d'attraper des mouches, [ même si, en réalité elle] le fait bien avant de savoir qu'en ce monde il existe des mouches.
- Le premier problème, c’est que Lichtenberg semble viser les causes finales - qui supposent la représentation d’un but ou d’une fonction - pour expliquer un phénomène. Depuis Descartes - au moins - la science refuse de genre de présupposé. Bien entendu aucun entomologiste n’acceptera d’entrer dans le raisonnement de Lichtenberg : tout ce qu’on reconnaît, c’est
1 - que l’araignée sait tisser sa toile ; et
2 - que cette toile permet d’attraper des mouches. Et enfin,
3 - que l’on ne se demande par pourquoi l’araignée tisse une toile, mais comment elle s’y prend.
- Le second problème, qui est sans doute plus intéressant, c’est la raison pour la quelle nous devons « croire » que tout a une cause - même non finale - avant même de « savoir ». Pour Lichtenberg, la question reste en suspens.
Mais, pour Claude Bernard (1), c’est tout simplement la condition de possibilité de la recherche scientifique : si on cherche, c’est parce qu’on croit qu’il y a quelque chose à trouver. Et ce quelque chose, c’est la cause des phénomènes.
- La question est alors : comprendrons-nous mieux les phénomènes lorsque nous aurons déterminé leur cause ?
Sans recourir aux mystères bien profonds de la physique quantique, admettons que quand nous aurons expliqué un comportement par la génétique ou même par la physiologie, nous n’y aurons pas compris grand chose de plus. Prenez la physiologie des passions : savoir que vous aimez votre bonne amie parce que de la testostérone circule dans vos veines au moment où vous la voyez, et que la testostérone existait bien avant que vous sachiez qu’elle - votre astre radieux - allait se lever sur votre horizon, ça vous aide pas forcément…
(1) Il faut croire à la science, c'est-à-dire au déterminisme, au rapport absolu et nécessaire des choses - Claude Bernard in Introduction à l'étude de la médecine expérimental Ch.II § III
Sur le déterminisme, voir post du 5 juin 2007
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