J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. Tout menace de ruine un jeune homme : l'amour, les idées, la perte de sa famille, l'entrée parmi les grandes personnes. Il est dur à apprendre sa partie dans le monde.
Paul Nizan - Aden Arabie
Séquence souvenir -
J’avais - presque - 20 ans. Sur le tableau de la classe, la prof de philo avait écrit : « J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie ». Provocation à l’égard des jeunes que nous étions, et qui faisaient les bravaches en moquant les « vieux » - nos vieux - : « des PPH » disions nous (PPH = passera pas l’hiver)… Aujourd’hui ce serait plutôt une revendication d’ados face à des vieux qui veulent imposer silence à leurs lamentations.
J’ai maintenant plus de 3 fois 20 ans et je ne sais plus… Je ne sais plus à quel âge correspond « le plus bel âge de la vie ». Pour Nizan ce serait un âge où l’on est solide, où l’avenir est assuré, l’âge de la sécurité, des certitudes, la force tranquille comme on l’a dit depuis. Est-ce que ça existe ?
Sinon, c’est quoi le bel âge ? On a cité (le 25 novembre 2007) Alain Souchon : c’est à 10 ans qu’il le trouve. Pourquoi pas ? Mais aussi, pourquoi pas à 20 ans ? Ou 30 ? ou 49 ? Ce qui importe c’est de savoir qu’est-ce qui caractérise la belle vie ; trouver ensuite quel âge possède ce caractère est presque anecdotique.
Occasion de rappeler la leçon épicurienne : c’est ici et maintenant qu’est le belle vie. Il n’y a pas de grand ni de petit bonheur. Tout plaisir est bonheur, à condition d’être vécu sans représentations déplaisantes, c’est à dire sans regret du passé, ni crainte de l’avenir. S’interroger sur le bel âge, c’est se mettre en condition de regretter on de craindre. C’est en tout cas affirmer qu’il n’y a pas que ça dans la vie ; à côté du bel âge il y a l’âge ingrat - celui qui ne tient aucune des promesses de la vie.
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