Le Pape, combien de divisions ?
Joseph Staline
Selon ce site, Staline aurait répondu par cette phrase à Pierre Laval qui lui suggérait - en 1935 - de prendre des mesures favorables aux chrétiens pour se concilier le Pape.
On a donné cette citation de Staline pour vraie, et elle est encore dans toutes les mémoires, parce qu’elle correspond parfaitement à une certaine attitude politique privilégiant les rapports de force sur les idéaux - ou les idéologies.
Je pense qu’il y a deux degrés dans l’interprétation de cette phrase.
- 1er degré : les décisions politiques doivent être réalistes et tenir compte des rapports de force. Il est inutile de s’insurger contre les chef d’Etats qui engagent leurs pays dans une politique conciliante vis-à-vis de tel dictateur, lorsque celui-ci possède des ressources - par exemple énergétiques - indispensables et le moyen d’en disposer comme bon lui semble. C’est le degré le plus évident, celui que tout le monde évoque, en faisant comme si il était évitable.
--> Abdallah d’Arabie Saoudite : combien de divisions ?
- 2ème degré : les idéaux sont eux-mêmes appuyés sur la puissance politique et militaire. Supposez que le Pape ait eu des divisions blindées en 1935 : est-ce que ça n’aurait pas changé quelque chose à l’attitude de Staline vis-à-vis de cette religion ? Disons mieux : est-ce que la religion catholique elle-même n’aurait pas eu plus de fidèles en URSS ?
--> Klaus Barbie a déclaré en substance après sa capture en Bolivie : « Si nous avions gagné la guerre, nos idéaux seraient aujourd’hui reconnus comme valeurs et non comme crimes. »
J’entends bien que la force des armes ne peut rien ni pour ni contre la valeur eschatologique (1) d’une religion. J’entends aussi les protestations de ceux qui insistent sur l’origine du christianisme, religion des faibles et des opprimés.
Seulement voilà : si cette religion n’était pas devenue religion d’Empire, si dans le monde médiéval, Clovis n’avait pas pris le baptême, que serait devenue le christianisme ? - Et pourquoi célèbre-t-on encore aujourd’hui cet événement ?
Finalement, Staline avait raison : le sabre et le goupillon, ça va ensemble.
(1) Eschatologie : c’est le mot du jour.
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