La foi consiste à croire, non ce qui semble vrai, mais ce qui semble faux à notre entendement.
Voltaire - Dictionnaire philosophique (Article Foi)
Voici l’un des passages de l’article de Voltaire : il illustre sa définition.
« Un jour le prince Pic de La Mirandole rencontra le pape Alexandre VI chez la courtisane Émilia, pendant que Lucrèce, fille du saint-père, était en couche et qu’on ne savait pas dans Rome si l’enfant était du pape ou de son fils le duc de Valentinois, ou du mari de Lucrèce, Alphonse d’Aragon, qui passait pour impuissant. La conversation fut d’abord fort enjouée. Le cardinal Bembo en rapporte une partie. « Petit Pic, dit le pape qui crois-tu le père de mon petit-fils? — Je crois que c’est votre gendre répondit Pic. — Eh! comment peux-tu croire cette sottise? — Je la crois par la foi. — Mais ne sais-tu pas bien qu’un impuissant ne fait pas d’enfants? — La foi consiste, repartit Pic, à croire les choses parce qu’elles sont impossibles; et de plus, l’honneur de votre maison exige que le fils de Lucrèce ne passe point pour être le fruit d’un inceste. […]Alexandre tomba sur son sofa à force de rire. »
Ce n’est certes pas la problématique de Voltaire, qui se sert de cette anecdote pour montrer le caractère absurde des dogmes de l’Eglise. Mais c’est sans doute ce qu’on retiendrait aujourd’hui, où des scandales de ce genre éprouveraient un pouvoir démocratique ; qu’on se rappelle les soins pris par le Président Mitterrand pour retarder la découverte par le publique de sa fille adultérine.
Au fond, ce ne sont pas les scandales qui ont changé ; c’est la façon dont on les craint. Le Pape Alexandre VI avait plus de pouvoir qu’un Président d’un Etat démocratique
Maintenant, qu’est-ce que la foi ? « croire sans preuve, et même contre les preuves » dit Alain (Cf. Post du 10 octobre 2006), d’accord semble-t-il avec Voltaire. Et c’est vrai que la foi ne recouvre pas la totalité des dogmes de la religion : partout où ces dogmes sont crédibles, la raison suffit. Mais là où ils sont en contradiction avec les vérités de la science, alors la foi est indispensable ; on dirait même que c’est ce caractère incroyable qui est l’épreuve envoyée au fidèle pour vérifier sa foi.
(1) On prétend que Alexandre VI - Borgia - était également bisexuel. Mais pour l’époque, ça ne pouvait choquer personne, même chez un pape. Son portrait reproduit ici est de Pinturicchio
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