Monday, March 31, 2008

Citation du 31 mars 2008

L'effet des richesses d'un pays, c'est de mettre de l'ambition dans tous les cœurs. L'effet de la pauvreté est d'y faire naître le désespoir. La première s'irrite par le travail ; l'autre se console par la paresse.

Montesquieu De l'esprit des lois

Est-ce que j’ai bien compris ? Est-ce que Montesquieu veut dire que la paresse est la consolation des pauvres ? Et que les pauvres sont pauvres parce qu’ils vivent dans un pays pauvre ? Et que s’ils vivaient dans un pays riche, ils seraient au contraire ambitieux et donc travailleurs ? Est-ce que c’est ça ?

Parce que, si c’est ça, alors on ne doit pas s’irriter de la paresse de nos concitoyens ou de celle de nos enfants : c’est une conséquence et de l’économie du pays, et d’une défense naturelle liée à la psychologie humaine.

Si vous n’êtes pas d’accord, libre à vous. Reconnaissez tout de même que c’est un peu stimulant de se dire que – peut-être – la paresse n’est pas un vice lié à la mauvaise volonté du paresseux, mais que c’est un effet de la situation socio-économique des individus. Dans ce cas, on devrait aussi s’interroger sur l’origine des élites. S’agit-il de surdoués que la nature fabrique avec parcimonie, ou bien des héritiers d’une classe privilégiée. Même pas besoin de ressortir les bouquins de Bourdieu pour répondre à la question.

Moi, ce qui me stimule les neurones, c’est plutôt d’imaginer que la paresse est une consolation. Non pas à titre de mauvaise foi, du genre sartrien, consistant à dire : « Si je voulais travailler, je réussirais ». Ça, c’est banal. Mais plutôt, j’aimerais considérer la paresse comme un plaisir que celui qui ne travaille pas éprouve dans sa plénitude. Le chômeur dirait alors : « Je n’ai pas de travail, je vis avec le RMI… Mais que c’est bon de ne rien faire ! ».

J’imagine que notre société moderne verrait là une perversion, dont l’évocation viole un tabou. Comme quoi, détruisez les tabous, il en renaîtra toujours d’autres. Et que ceux qui se désespéraient de ne plus avoir de tabous à violer se réjouissent.

Bon. Sur ce, je vais me recoucher.

2 comments:

Anonymous said...

La belle réflexion qu'elle fonctionne parfaitement grâce à l'argent généré par ceux qui travaillent.

Non mais sans rire, Montesquieu montre que les plus riches s'irritent sous l'effet du travail et que les plus pauvres jouissent sous le joug de la paresse.

Les deux "classes" ne se prendraient pas avec des mots si les uns ne finançaient pas les autres. Car il est la le drame français, les riches (dans un soucis de vérité on dira la quasi totalité de la population incluse dans la classe moyenne) s'irrite non seulement de travailler mais en plus de travailler pour combler les besoins d'autres.

Le RMI ce n'est pas suffisant pour vivre. C'est ce qu'on entend souvent. C'est toujours de l'argent donné à des inactifs au sens économique du terme. Comment stimuler la générosité dans un pays ou la charité est à ce point obligatoire et contrainte ... car point de prévention du risque social, c'est bien plus un système de charité obligatoire.

Jean-Pierre Hamel said...

Bonjour à Lucius : ravi de retrouver ses commentaires.
Je crois que s’il est vrai que les seules richesses à distribuer soient générées par le travail – = par ceux qui travaillent – alors s’il y a redistribution, celle-ci est l’effet d’un choix politique, et ce choix remonte non pas à la nuit des temps et à la charité, mais au principe d’association sociale issu des principes des droits de l’homme et de 1789.
Un exemple ? Les retraites résultent de la solidarité entre les générations, et non de la sagesse de la fourmi qui se fait des rentes.
Voilà : c’est ça qui sert de fondement à notre société, et si on veut en changer, alors c’est ça qu’il faut jeter par-dessus bord.