L'avenir de l'humanité reste indéterminé, parce qu'il dépend d'elle.
Henri Bergson
Banale évidence ou contre vérité ? A l’heure où on ne cesse de nous casser les oreilles avec le réchauffement climatique, on aimerait savoir si l’avenir dépend encore de nous…
La phrase de Bergson est claire : l’histoire ne concerne que le passé, et sa connaissance n’engage en rien l’avenir. Le siècle de Louis XIV ne signifie pas que nous soyons ad vitam eternam les maîtres de l’Europe ; la débâcle de 40 n’implique pas que notre peuple soit un peuple de lâches prêts à toutes les compromissions pour éviter d’avoir à se battre.
Mais la pensée de Bergson est un peu plus complexe : c’est la notion de passé et celle d’avenir qui faussent tout. En réalité il n’y a que le présent qui existe – mais le présent, c’est la durée, c'est-à-dire l’aventure qui a commencé dès le commencement, et qui se poursuit en prenant corps et figure dans l’action qui vise l’avenir. Il n’y a de pur présent que dans la révolution et encore faut-il que du passé, elle fasse table rase.
Application. Comment l’humanité a-t-elle commencé, comment s’est-elle développé, qu’y a-t-il depuis le début ? Ce n’est pas la religion (qui est supposée fixe) ; ce ne sont pas les relations sociales (qui apparaissent dans des alternances cycliques) ; l’histoire, c’est la technique.
L’age de pierre ; l’age du bronze, et puis du fer ; l’ère atomique. Voilà ce qui fait l’histoire, et avec ça, ajoutons – comme disait Ricœur – la façon de nous approprier toutes ces inventions, d’en faire ou pas des progrès véritables.
1ère conséquence : il ne nous appartient pas, même pour sauver la planète, de rompre ce qui est commencé depuis si longtemps. Donc le retour à la chandelle et à la veillée au coin du feu, ce sont des rêveries niaises.
2ème conséquence : dans ces limites là, tout reste possible. Ou plutôt : tout le reste reste possible !
Ça veut dire que l’aventure humaine qui passe toujours par le progrès technique doit chercher dans celui-ci les issues à son problème. C’est à dire inventer les dispositifs qui rendront compatibles l’exploitation des ressources avec l’équilibre écologique sans le quel nous ne saurions vivre.
Mais la restriction ici est de taille : est-ce que ça dépend encore de nous ?
No comments:
Post a Comment