Saturday, September 06, 2008

Citation du 7 septembre 2008


Vous me demandez ce qui me pousse à l’action ? C’est la volonté de me trouver au coeur de toutes les révoltes contre l’humiliation, c’est d’être présent, toujours et partout, chez les humiliés en armes.

Che Guevara – Discours, entretiens et autres sources


Vous connaissez un peu la vie du Che ? Vous savez donc qu’il est mort parce que les paysans boliviens n’ont pas voulu le suivre dans sa lutte contre l’Etat qui les affamait.

Autrement dit, Guevara est mort pour avoir oublié qu’il y a des humiliés qui ne prennent pas les armes. A-t-il cru que l’appel à la révolte serait plus puissant que la peur des humiliés ?

Soyons un peu précis. Il s’agit ici d’humiliation, pas de peur. Dans la peur, on peut encore faire la balance entre les risques et les avantages de la révolte. Même l’âne va donner un coup de pied au vieux lion (1). L’humilié ne fait pas ça.

L’humiliation est un puissant sentiment d’infériorité entraînant la soumission à celui qui impose sa force. On voit dans les commissariats de police des femmes battues et humiliées par leur mari refusant de témoigner contre lui, même quand les barreaux de la prison les protègent. L’humiliation est une cassure dans la personnalité qui la rend incapable de rébellion. L’humilié est soumis.

C’est là la force de la violence : devenir une force psychologique, même si en réalité elle n’est jamais que physique.

Donnez une paire de gifles à quelqu’un. Sil ne vous la rend pas, c’est peut-être parce qu’il est devenu soumis.

Reste la volonté du Che de lutter contre l’humiliation. Comme il ne semble pas vouloir agir par assistance psychologique, il lui reste à agir contre les humiliateurs.

Il y aurait donc la possibilité de remplacer les gouvernants qui humilient le peuple par des gouvernants qui le respectent. Ce qui veut dire qu’on croit que la volonté d’humilier ne soit pas enracinée dans le cœur humain, qu’elle ne soit pas un plaisir qu’on s’offre dès qu’on a un peu de pouvoir.

…Moi aussi j’aimerais y croire.

(1) La Fontaine – Le lion devenu vieux

2 comments:

Djabx said...

Donnez une paire de gifles à quelqu’un. Sil ne vous la rend pas, c’est peut-être parce qu’il est devenu soumis.

Et s'il vous tend l'autre joue, c'est quoi ?
Il vous renvoie votre violence au visage ? C'est un signe d'insoumission ?

PS: il est bien trop tôt pour moi....

Jean-Pierre Hamel said...

Il vous renvoie votre violence au visage ? C'est un signe d'insoumission ?
- Evidemment.

Et s'il vous tend l'autre joue, c'est quoi ?
- Là effectivement on peut se poser la question. Je crois que dans les Évangiles ça veut dire que l’amour du prochain va jusqu’à respecter sa violence envers nous-mêmes. Tendre l’autre joue, ça veut dire alors : « Ami, je ne sais pas pourquoi tu me frappes, mais je t’aime au point de tendre l’autre joue en signe d’acceptation de ta violence »
Peut-être…