Si l’on voulait me forcer absolument à conclure, je dirais que tout peut se résumer dans cette phrase : « Fermez les cabarets, ouvrez les écoles ». L’ivrognerie dévore le peuple. Consultez les statistiques, allez dans les hôpitaux, faites une enquête, vous verrez si je mens. L’homme qui tuerait l’ivrognerie ferait plus pour la France que Charlemagne ou Napoléon.
Zola – L’Assommoir
Ouvrez des écoles… Cette seconde partie de XIXème siècle voit fleurir ce genre de déclaration sans doute liée à la création de l’école républicaine ; déjà, Hugo, voulait ouvrir les écoles pour fermer les prisons (1). Maintenant Zola ouvre des écoles pour fermer les cabarets. Car outre le crime, l’école est censée lutter contre cet autre fléau qu’est l’alcoolisme.
Interrogeons-nous un instant sur la croyance en cette vertu de l’école : serait-elle en effet capable de faire que le peuple renonce à l’ivrognerie? Ou bien faut-il comprendre que l’école en élevant le niveau de vie dans la société ferait reculer l’abus de l’alcool ?
Oui, je crois que c’est plutôt ça. Thomas Quincey dans son livre autobiographique sur l’usage de l’opium (2), nous montre les malheureux ouvriers londoniens (nous sommes dans les années 1820) utilisant le laudanum (forme médicinale de l’opium, alors en vente libre) pour s’abrutir quand ils sortaient de la fabrique en fin de semaine. L’alcool semble alors absent de leur coutume, mais pas la drogue, parce que la vie quotidienne est vraiment trop dure pour être subie sans décompensation.
Et aujourd’hui ? On a toujours le problème de l’alcoolisme, à commencer par celui des jeunes. Le binge drinking pourrait bien se manifester à la porte de l’école, qu’importe. La recherche de l’ivresse est peut-être plus festive aujourd’hui, mais l’ivresse n’en est pas moins un abrutissement.
En plus on ne croit plus tellement aujourd’hui que l’école serve d’ascenseur social…
Le mot d’ordre maintenant, c’est : Fermez les écoles.
(1) Quand vous ouvrez une école, vous fermez une prison – Victor Hugo (Post du 17 mai 2006)
(2) Thomas Quincey – Confession d’un mangeur d’opium.
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