Peu d’êtres sont capables d’exprimer posément une opinion différente des préjugés de leur milieu. La plupart des êtres sont mêmes incapables d’arriver à formuler de telles opinions.
Einstein – Comment je vois le monde
Permettez à l’ancien prof que je suis de rappeler un principe que nos bientôt-défunts IUFM enseignaient aux débutants : les représentations socioculturelles des enfants ont toujours plus de force que ce qu’enseigne l’école. Autrement dit, vous les profs, vous devez d’abord faire en sorte que les élèves expriment leurs préjugés (= leurs idées, leurs opinions) avant de mettre en place votre enseignement – et en tenant compte de ce point de départ.
Puisque j’y suis, permettez-moi encore de dire qu’on exige des enfants ce qu’on n’oserait jamais demander aux adultes : renoncer à leurs préjugés ! Et encore faut-il dire que ce renoncement ne signifie pas qu’on doive se mettre à penser comme ceux avec qui on n’est pas d’accord. Pas du tout.
Il s’agit simplement d’admettre de discuter de nos opinions, et pour cela de les confronter à des opinions différentes. Et c’est là que ça coince : Einstein, qui savait à quoi s’en tenir, dit même : la plupart des êtres sont mêmes incapables d’arriver à formuler de telles opinions [différentes des leurs].
Car, avant même de comprendre que d’autres points de vue sont possibles, il faut déjà admettre que soi-même on ne détient qu’un point de vue. Il faut donc abandonner la position de certitude inébranlable et indiscutable qui semblait une caution suffisante pour justifier notre certitude, et admettre justement la discussion.
Bien sûr, tout n’est pas préjugé. Les vérités démontrées n’en sont pas, et comme le disait Bachelard, il y a des erreurs qu’on ne recommence pas. Du reste Einstein prend soin de préciser qu’il parle des préjugés du milieu. Mais ça fait encore pas mal d’idées à discuter.
No comments:
Post a Comment