Les conquérants : Terre... Horizon... Terrorisons !
Jacques Prévert
Est-ce que l’homme descend du songe ?
Miss.Tic
Calembour 1
Deux citations sans grand rapport, sauf que chacune joue sur les mots – ou joue avec les mots.
J’ai deux objectifs ici :
- le premier, de montrer que le reproche qu’on fait parfois à Miss.Tic de se borner à jouer avec les mots – ce que chacun peut faire sans grande difficulté – n’est pas justifié, et tout cas que des poètes du calibre de Prévert l’ont fait sans qu’on songe à le leur reprocher.
- le second, de dire que les poètes ont su jouer avec les mots pour y puiser du sens – et du sens poétique.
Pourquoi les jeux de mots ? Pour amuser, un peu comme le petit enfant rit tout seul des sonorités qu’il tire de sa bouche, ou bien encore tirer parti de l’effet de surprise – et du surcroît de sens – obtenu grâce aux assonances (1) ?
Bien sûr. C’est qu’il faut admettre que le poète qui joue ainsi avec le langage – ou si l’on veut être plus précis : les signifiants – le considère comme une matière première, parce que son rapport au langage n’est pas le même que celui de l’homme ordinaire.
Ne soyons donc pas comme monsieur Jourdain qui admettait qu’entre la prose et les vers, la différence tenait seulement dans la versification. Car en réalité, le poète est celui pour qui les sonorités du langage sont elles aussi porteuses de sens, d’un sens que tout autre procédé – et surtout la conceptualisation – serait incapable d’énoncer.
C’est ainsi que Sartre disait (je ne sais plus où, probablement dans Qu’est-ce que la littérature ?) que pour lui, Florence est à la fois ville, femme et fleur.
Ou Prévert que les conquérants terrorisent la terre entière jusqu’à l’horizon.
Ou Miss.Tic pour qui l’homme est un songe aussi bien qu’un singe – ou un rêve de singe ?
(1) On pense aux allitérations comme dans le célèbre vers de Racine Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? (Andromaque)
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