Un homme d'esprit me disait un jour : que le gouvernement de France était une monarchie absolue tempérée par des chansons.
Chamfort – Maximes et Pensées
Chamfort – 1740-1794 (1) : on serait tenté encore une fois de dire à propos de cette citation que nos problèmes d’aujourd’hui existaient bel et bien hier… et avant-hier.
Si la chanson au XVIIIème siècle était la façon pour le peuple de critiquer et de persifler le pouvoir sans s’exposer à la répression, alors en effet on doit constater que nous avons gardé l’habitude de censurer le pouvoir par nos mouvements d’opinion.
Les « chansons » d’aujourd’hui circulent sur Tweeter, Facebook, Mediapart ; et les chansonniers : les Guignols de l’info, Stéphane Guillon, etc…
Bref : au lieu de s’étonner ou de se scandaliser devant l’énorme pouvoir que représentent les media d’aujourd’hui, tâchons de nous rappeler qu’hier exactement les mêmes mécanismes jouaient. La démocratie « directe » celle de l’opinion publique qui se manifeste à chaud et qui est capable de tous les excès a toujours été un contrepoids au pouvoir même absolu. Même sans évoquer les « émotions populaires », qu’on se rappelle des libelles de tous genres qui couraient sur Marie-Antoinette durant la révolution : ça a sûrement tempéré la monarchie absolue ; mais sûrement pas tempéré le traitement réservé aux monarques.
Les vertueux démocrates de 1789 auraient dû mépriser de telles chansons ; ils ne l’ont pas fait.
Et aujourd’hui ? On ne cherche pas à bâillonner le buzz ; ce serait inutile. Mais on fait des sondages d’opinion pour mieux le décortiquer… et pour le manipuler.
Car qui empêche le monarque absolu de faire courir dans les rues des chansons qu’il aura écrites lui-même ?
(1) Sur la mort de Chamfort, voici ce qu’on lit dans Wikipédia : La mort de Chamfort représente le comble du suicide raté. Ne supportant l'idée de retourner en prison, il s'enferme dans son cabinet et se tire une balle dans le visage. Le pistolet fonctionne mal et, s'il perd le nez et une partie de la mâchoire, il ne parvient pas à se tuer. Il se saisit alors d'un coupe-papier et tente de s'égorger, mais malgré plusieurs tentatives ne parvient pas à trouver d'artère. Il utilise alors le même coupe-papier pour « fouiller sa poitrine » et ses jarrets. Épuisé, il perd connaissance. Son valet, alerté, le retrouvera dans une mare de sang. Malgré tous les efforts de Chamfort pour se supprimer, on parviendra quand même à le sauver. Il mourra quelques mois plus tard d'une humeur dartreuse.
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