Tuesday, July 27, 2010

Citation du 28 juillet 2010

Mon amant est pour moi un sachet de myrrhe; il nuite entre mes seins.

Cantique des cantiques 1, 13 (Traduction d’André Chouraqui (1) – Illustration de Marianne Clouzot)

Elle ne porte rien / D’autre qu’un peu / D’essence de Guerlain / Dans les cheveux…

Serge Gainsbourg – The initials B.B.

Cantique des cantiques – 1

Voilà l’été, les vacances, la tiédeur des longues soirées au parfum de chèvrefeuille – et des siestes volets clos, raies de lumière sur les murs chaulés de la chambre, couvre-lit froissé sur le parquet……

Bref, c’est la saison des amours.

La Citation du jour, fidèle à sa mission culturelle ne pouvait laisser passer cette saison sans la célébrer de la façon la plus poétique et la plus spiritualisée possible. Le Cantique des cantiques (2) sera j’en suis sûr apprécié de ce point de vue.

Qui de vous, messieurs, ne rêve – s’il ne le fait pas régulièrement – de nuiter entre les seins de sa belle ? Raison pour la quelle le fantasme de la femme à trois seins ne saurait satisfaire réellement les hommes : trois seins signifie plus de place où se nicher (3).

Soyons sérieux… Notons plutôt qu’ici ce n’est pas l’amant qui parle, mais c’est la belle fiancée, et qu’elle compare le ravissement de l’amour à celui que lui procurent les senteurs de la myrrhe.

Si la sensualité dégagée par le Cantique des cantiques est incomparable c’est parce qu’il n’évoque jamais le sexe. Les jouissances qui sont évoquées sont celle du goût, du toucher, de la vue – et donc de l’odorat. C'est exactement la même inspiration que dans la chanson de Gainsbourg : Elle ne porte rien / D’autre qu’un peu / D’essence de Guerlain / Dans les cheveux…

Comprenons-nous bien : je ne dis pas qu’il faut « contourner » le sexe pour évoquer les jouissances de l’amour. Non. Mais que ce qui est le plus fort, c’est d’évoquer ces plaisirs comme embrasant l’être entier et donc le corps entier, au travers de ses différents organes et de ses différentes sensations.

C’est une affaire de décloisonnement.

(1) Une version autre version de ce texte est donné dans la traduction de Louis Segond (1880) ici

(2) La traduction d’André Chouraqui donne comme titre : Poème des Poèmes.

(3) Comme le disait notre citation de l’an dernier : les seins… un c’est pas assez, trois c’est trop.

1 comment:

Jean said...

Je note que la version de Louis Segond est bien plus prude : c'est le sachet de myrrhe qui semble se trouver entre les seins de la belle, et non son amant.