Winston CHURCHILL - Allocution à la Chambre des Communes, 13 mai 1940 (1)
C’est trois jours après le déclenchement de l'offensive allemande du 10 mai 1940 que Churchill prononce cette phrase à l’intention de ses compatriotes. Ce n’était certes pas un discours électoral, mais c’est tout de même un constat que peu d’hommes politiques aurait le courage de faire aujourd’hui. Notez en effet que rien dans cette phrase ne laisse espérer autre chose que la souffrance, détaillée avec soin.
Car pour vaincre, il faut que chacun soit près au sacrifice, jusque dans le plus petit détail. On raconte que lorsque les restrictions de consommation de charbon ont été imposées, l’eau chaude a été de ce fait rationnée ; les britanniques ont alors tracé dans leur baignoire la limite à ne pas dépasser (ferions-nous de même ?). Façon de dire que Churchill s’appuie sur le sens pratique de ses concitoyens. A quoi bon appeler au sacrifice du sang ? Personne ne saura ce que ça veut dire, et on partira de toute façon « la fleur au fusil ». En revanche, s’il faut se contenter de 200 grammes de viande par semaine, là c’est du concret ; ça on sait ce que c’est.
Dans un pays libre, les politiques doivent faire comme Churchill : dire la vérité, le « parler vrai » (Rocard), pas de langue de bois. Mener les hommes sans leur dire où ils vont, ça relève de la psychologie de la domination. Le code de la route interdit pour un véhicule de s’intercaler dans un convoi. Pas étonnant, lorsqu’il s‘agit de militaires : seul celui qui est en tête sait où il va ; les autres suivent.
Mais nous aimons le divertissement, comme le rappelle Pascal. C’est justement parce qu’il nous permet d’oublier où nous allons, même si ça ne nous empêche pas d’y aller.
(1) Extrait de cette allocution : « Vous me demanderez : que comptez-vous faire ? Je vous répondrai : faire la guerre sur terre, sur mer et dans les airs... Quel est votre but ? : La victoire.. »