Sunday, July 12, 2009

Citation du 13 juillet 2009

L'amour s'en va comme cette eau courante / L'amour s'en va / Comme la vie est lente / Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure / Les jours s'en vont je demeure

Guillaume Apollinaire Le Pont Mirabeau (Extrait de Alccols)

Voyez comme vont les choses quand on se lance dans l’étude un poème comme celui-ci.

--> Moi, je m’étais dit : voilà l’occasion d’évoquer la relativité du temps. Non pas celle de Einstein, mais celle de son écoulement : qui donc passe ? Lui, ou nous ?

Et en effet, ici, vous avez

- le temps mobile (celui de l’amour qui fuit),

- et vous avez le temps immobile, celui du sujet qui ne parvient pas à rejoindre l’avenir que trace son Espérance…

- Quand au passé, il est simplement du présent – mon présent – figé, englué dans l’immobilité d’une vie sans espoir.

Et donc me dis-je, avec Ronsard on avait rencontré le sujet (1) ; sauf qu’ici nous sommes à l’exact opposé : pour Ronsard, le temps est fixe et nous nous en allons ; pour Apollinaire, le temps fuit et nous restons.

Belle symétrie, bien vu. Et encore un Post de ficelé, un.

--> Et puis voilà que je veux écouter le poème, dit par Apollinaire himself : c’est pratiquement insupportable, malgré tout le respect qu’on porte à l’auteur.

J’essaye donc autre chose : les chanteurs qui ont transformé le poème en chanson.

Et alors stupéfaction : il y a en une kyrielle qui se sont emparés de ce poème : Ferré, Lavoine et bien d’autres que je ne connais même pas.

Et là on se demande non pas s’il faut ou non braver l’interdit de Hugo (2), mais qu’est-ce qui fait que tous ces chanteurs se sont dit un jour : Tiens et si je mettais en musique le Pont Mirabeau…

Plus encore : la musique d’un poème, c’est le poème lui-même qui la produit. Mais alors, comment se fait-il que des hommes différents interprètent cette musique différemment ? De la valse de Léo Ferré à la musique rock, quel rapport ?

Quel pont emprunter pour passer du poème à la musique?


(1) Le temps s'en va, le temps s'en va Madame / Las ! le temps non, mais nous nous en allons… – Voir Post du 27 avril 2006 (Plus de 3 ans déjà… Comme le temps passe…)

(2) « Défense de déposer de la musique le long de mes vers » aurait-il dit.

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