Beaucoup d'hommes se défont, peu d'hommes meurent.
Marguerite Yourcenar – Feux
Mes chers lecteurs, La citation du jour vous apporte un peu d’optimisme aujourd’hui : peut-être ne mourrez-vous pas !
Oh, certes, il vous arrivera sans doute de disparaître un jour et vos proches vous pleureront en parlant du « Cher disparu »…
Mais ce qu’ils oublieront c’est que ce n’est pas vous, vous l’être conscient, l’être qui s’est construit au cours de toute l’existence, vous que leur souvenir gardera à tout jamais, qui est mort : parce que cet être là s’est défait progressivement, qu’il s’est effiloché, détricoté, maille après maille au cours du temps.
Alors certes, comme le dit Marguerite Yourcenar, ce n’est pas le cas de tout le monde : c’est même trop évident pour qu’on soit obligé de le détailler.
Mais avec les progrès de la médecine, qui prolongent la vie au-delà des pathologies mortifères qui l’emportaient autrefois, voilà que certains en arrivent à disparaître avant que d’être morts. On pense bien sûr à la maladie d’Alzheimer : que reste-t-il de la personne – au sens moral – quand vient l’heure de son trépas ? Quand vous ne reconnaissez plus ni vos enfants ni votre époux(-se), quand l’instant qui vient de s’écouler est parti sans laisser de trace, quand juste sorti dans la rue vous avez oublié votre adresse, qui donc êtes vous ? Votre âme immortelle, celle qui est la source de vos sentiments de vos actes, de vos vertus comme de vos vices – bref : celle qui a fait de vous un être unique – où est-elle passée ?
Quand la mort viendra sonner à votre porte, que restera-t-il à perdre ?
Alors voilà : pour moi, ça, c’est plutôt réconfortant. Comme je l’avais dit il y a déjà longtemps, je veux mourir usé jusqu’à la corde pour ne rien regretter.
Comme le chantait notre – regretté – Daniel Balavoine.
No comments:
Post a Comment