Dans bien des cas, la patrie aura été défendue par des «sans-patrie», et abandonnée par des «patriotes»
Mauriac – Bâillon dénoué. (1945)
Autrefois, la Patrie qu’on célèbre en ce 14 juillet était ce sans quoi on ne pouvait réellement vivre. La terre où étaient ensevelis les ancêtres était en même temps le terreau des nouvelles générations. On ne pouvait l’emporter à la semelle de ses souliers, et les apatrides étaient des hommes sans droit, presque sans existence. Au point que la Charte des Nations Unies a cru nécessaire de garantir le droit imprescriptible pour chacun d’avoir une nationalité.
Or, comme le rappelle Mauriac, pendant l’occupation les vrais patriotes, ceux qui ont défendu au péril de leur vie l’intégrité du territoire national, ont été aussi les apatrides, des gens chassés de leur pays, expatriés de force et déchus de leurs droits. Des gens qui avaient choisi la France comme pays des libertés contre l’oppression, d’où qu’elle vienne.
Si on me permet la licence de glisser de la patrie à la nation, alors on me permettra aussi de rappeler la conférence de Renan Qu’est-ce qu’une nation ? où il affirme que c’est l’adhésion à une communauté qui la constitue : L'existence d'une nation est (…) un plébiscite de tous les jours… (Lire la suite ici)
L’existence des sans papiers rappelle aujourd’hui celle des apatrides d’hier, même si bien entendu, il y a des nuances à apporter. Mais la problématique reste la même:
- D’abord il faudrait rappeler que notre civilisation s’est construite sur une idée du droit qui est universelle et qui donc ne suppose pas des conditions de race, de religion, de naissance pour exister. Ce qui ne paraît pas si évident vu des dunes de Calais.
- En suite que, si nous suivons Renan, nous devrions dire que nous sommes tous des sans papiers, c'est-à-dire que chacun de nous doit les mériter, en adhérant activement aux valeurs de la République.
--> Pour faire court : quand on a dit qu’il faudrait passer un examen de français (pourquoi pas une dictée ?) pour avoir un permis de séjours, alors, là, je me suis dit qu’il faudrait poser la même condition à tous les français.
Ça va nous faire de la place…
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