Saturday, October 09, 2010

Citation du 10 octobre 2010

Je ne sais qui a dit je ne sais où, que la littérature et les arts influaient sur les moeurs. Qui que ce soit, c'est indubitablement un grand sot. - C'est comme si l'on disait les petits pois font pousser le printemps, les petits pois poussent au contraire parce que c'est le printemps, et les cerises parce que c'est l'été. Les arbres portent les fruits, et ce ne sont pas les fruits qui portent les arbres assurément, loi éternelle et invariable dans sa variété ; les siècles se succèdent et chacun porte son fruit qui n'est pas celui du siècle précédent ; les livres sont les fruits des moeurs.

Théophile Gautier – Mademoiselle de Maupin (Préface) – (1835)

Les livres sont les fruits des mœurs : vous avez repéré la date ? 1835, soit plus de 20 ans avant les procès pour immoralité intentés à Baudelaire (1857), Flaubert (1857), et aux frères Goncourt.

Mais ce que Théophile Gautier pointe, c’est qu’il en va de même pour toutes les œuvres du siècle : l’ordre de production va dans ce sens :

siècle --> mœurs --> œuvres culturelles.

Comment en pas songer à nous mêmes en lisant ça ? Par exemple, la « censure » exercée par la mairie de Paris sur l’exposition de Larry Clarke qui montre des jeunes entrain de faire l’amour ou de se droguer, la seringue dans le bras ? (1)

Je ne m’intéresse pas ici à la valeur esthétiques de ces photos : je me borne à m’interroger : sommes-nous devenus plus pudibonds – ou plus méfiants – que nos parents, au point que ce qui pouvait s’exposer il y a 30 ans ne le peut plus aujourd’hui ?

Sans doute avons nous là un indice du temps qui passe : qu’on ait cru qu’il fallait condamner l’auteur de Madame Bovary nous paraît à peine concevable : c’est que le siècle de Flaubert n’est plus le nôtre. Et de même pour Baudelaire, et pour les Goncourt…

Et donc les mœurs des années 60-70 ne sont manifestement plus les nôtres. Faut-il le regretter ?

Je ne sais… Je serais tenté de dire oui, sauf qu’on peut aussi tomber sur cette vidéo de Fernandel, chantant « On dit qu’il en est » … en 1968, sous les vivats d’un public ravi.



Fernandel - On dit qu'il en est (1968)
envoyé par Marie-F84. - Plus de vidéos fun.

(1) Sur le sujet on peut consulter cet article de presse.

1 comment:

Anonymous said...

J'ai vu qq photos sur le Net de Larry Clarke.

Je ne m'intéresse pas à la censure ou à l'esthétique de ces photos. Un drogué, un couple faisant l'amour ce n'est pas toujours esthétique.
Le dernier drogué que j'ai vu cet été avait la moitié du nez" bouffée" par la poudre.

Je pense que dans ce monde mercantile, il s'agit simplement d'une publicité!

Ces photos, pour moi, sont des mensonges.