Si vous cassez un bout de bois en deux, il y a encore deux bouts à chaque bout.
Raymond Devos
Rions un peu…
Le philosophe aime le sketch de Raymond Devos, parce qu’il lui permet de parler sérieusement de ce qui fait rire tout le monde. Cela lui permet d’éviter de paraître ridicule, comme Socrate dont on se moquait en le traitant de lourdaud dérisoire : on riait alors non pas avec lui mais contre lui. A tort, bien sûr, puisque dès qu’on commençait à dialoguer avec lui on était soi même ridiculisé par la honte de voir démasquée sa vaine arrogance.
En fait, si on rit en écoutant ce sketch, c’est uniquement parce que le personnage mis en scène s’embarrasse lui-même de questions que personne ne se pose – parce que personne ne sait comment les résoudre. On rit pour éviter d’y penser.
Bref, le problème que pose Raymond Devos ici n’est autre que celui de la divisibilité de l’espace. S’il y a deux bouts distincts à chaque division d’un segment, c’est bien parce que subsiste un espace entre les deux. C’est comme ça que Zénon prétendait qu’Achille ne rejoindrait jamais une tortue avec la quelle il ferait la course et qui serait partie juste avant lui – on dirait de la même façon qu’on n’aura jamais fini de casser le bout de bois en deux, puisqu’il y aura toujours quelque chose à casser entre les deux bouts.
C’est là qu’on arrive à mieux comprendre la situation. On arriverait au terme de la division s’il était possible que les deux bouts du même segment arrivassent (sic) à se rejoindre.
Et c’est là bien sûr qu’on pose la question : est-il possible de joindre les deux bouts ? (1)
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(1) Rions un peu (nous aussi) : une assistante sociale reçoit un jour cette lettre d’une maman qui demande une aide financière : « Bien que je nourrisse mon enfant au sein, je n’arrive pas à joindre les deux bouts. »
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