1 – Avant tout, je n'écris pas de science-fiction. J'ai écrit seulement un livre de science-fiction et c'est Fahrenheit 451, basé sur la réalité.
Ray Bradbury
[Le roman de Bradbury décrit un pays soumis à une dictature qui a décrété hors-la-loi quiconque posséderait de livres, et qui pratique des autodafé au cours des quels les livres sont brûlés – d’où le titre du roman, Fahrenheit 451 qui est la température à laquelle le papier s’enflamme.]
2 - A Fanjeaux, "la poutre légèrement brûlée" est toujours dans l’église, témoin du Miracle du Feu entre saint Dominique et les cathares.
Eglises et chapelles insolites du Lauragais (voir ici et ci-contre)
[Lors d'une discussion théologique avec des représentants cathares, saint Dominique rédigea ses arguments sur un papier qui, bien que jeté au feu par ses interlocuteurs, refusa de brûler, s'envola et brûla une poutre du plafond. Voir ce tableau de Pedro Berruguete]
Faut-il un miracle comme à Fanjeaux, pour espérer sauver les livres d’une barbarie dont le retour paraît inévitable ?
Faut-il encore dire comme Bradbury, que les régimes qui proscrivent les livres ne sont pas que de la science-fiction ?
Sûrement pas et tout le monde le sait. Mais à présent le développement d’Internet et des téléphones portables a bouleversé la donne et l’on voit par exemple comment le gouvernement chinois s’efforce (sans doute en vain) de filtrer les communications sur la Toile depuis que Liu Xiaobo a eu le Nobel.
Oui, la donne a été bouleversée… Mais ça veut dire aussi que les dictateurs, s’ils ont des soucis avec Google, n’auraient en revanche plus à brûler les livres : car qui donc se soucie encore d’en lire ? On mesure année après année le progrès du temps passé devants les écrans (télé/ordi/smart-phones/consoles de jeu) : sur quoi ce temps a-t-il été pris ? Sur le travail ? Sur le sommeil ? Sur l’exercice physique ? Sur les autres jeux ? Sur la lecture ?
… Oui nous y sommes : c’est principalement sur la lecture que ce temps a été gagné. Combien d’heures par jour passez vous à lire un livre (ou une revue – voire même un journal : quelque chose qu’un dictateur pourrait avoir envie de brûler) ?
Je vous vois baisser le nez, honteux d’avouer que la question ne se pose qu’à propos du nombre d’heures par semaine (voire par mois ?)…
C’est du propre ! Les barbares ont gagné ! Plus de livres à brûler !
… Quoique, si on y pense, c’est quand même positif : couper le Net, c’est plus économique en terme de bilan-carbone que de brûler les livres.
C’est la Planète qui va être contente !
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