Dieu est "le juge" parce qu'il ignore la foule et ne connaît que les individus.
Kierkegaard – Traité du désespoir
God bless America, land that I love
Chanson patriotique américaine
Commentaire I
Peut-on demander à Dieu une bénédiction collective, car je suppose que God bless America, ça veut dire qu’on le prie de bénir collectivement le peuple américain tout entier ? (1)
Erreur on ne peut plus funeste ! Selon Kierkegaard, Dieu ne connaît que des individus, il ignore les peuples. Je m’étonne même qu’un peuple aussi religieux le peuple américain ignore cela.
--> J’en vois qui hochent la tête d’un air dubitatif : je n’aurais donc pas correctement interprété le sens de cet hymne patriotique ? J’aurais hâtivement compris que l’Amérique et les Américains c’est la même chose ?
… Réfléchissons un peu : les paroles de la chanson disent en effet que ce qui compte, c’est la terre américaine, ou plutôt le pays : God bless America, land that I love. C’est clair, non ?
D’accord. Mais écoutons la suite : ça se termine sur cette supplique – God bless America, my home sweet home! (Répété deux fois). Mon doux foyer : ça veut bien dire tout de même que c’est l’Amérique, peuplée de familles d’américains qui est l’objet de cette prière.
Au fond, on est en présence d’un mythe vieux comme le monde : le pays (land) et le peuple qui l’habite ont été créés ensemble – à moins que le pays ait été donné au peuple qui l’habite comme une terre promise. Et c’est alors Dieu Lui-même qui en est la garantie, et comme qui dirait le chef de tribu.
Moyennant quoi, il y a deux conceptions de Dieu : le Dieu de l’Ancien Testament – et des Américains – qui est un Dieu tutélaire, et le Dieu de Kierkegaard qui est un Dieu « personnel » (= qui s’adresse à l’individu).
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(1) Nous tenons en effet pour acquis que le rejet de la foule vaut aussi pour tous les êtres collectifs que sont les peuples, les partis, les congrégations etc. On reviendra sur ce sujet demain.
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