Les dieux avaient des secrets ; Dieu n'a que des mystères.
Gilbert Cesbron – Journal sans date
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère.
Alexis-Félix Arvers (Ecrivain français 1806 – 1850)
La seconde citation pour monter qu’en écrivant : Dieu n'a que des mystères, on prend le mystère dans son sens général et non dans son sens religieux. On s’en tiendra donc à l’idée que si le secret est une vérité masquée, le mystère est définitivement inaccessible à l’homme.
Notre question est alors : comment faire la différence entre les deux, comment éviter de perdre son temps à vouloir percer des mystères qu’on a confondu avec des secrets ?
--> L’idée simple consiste à dire : le secret est connu au moins par une personne, alors que le mystère, personne ne peut prétendre le connaitre. Mais ça ne nous avance guère, car il faudrait faire une enquête interminable pour aboutir à une conclusion.
--> L’autre idée consisterait à se demander s’il n’y a pas des domaines qui par essence appartiennent au mystère, admettant que pour le reste ce serait plutôt du domaine du secret.
C’est ici que nos citations peuvent peut-être nous aider.
Les Dieux (pluriel) sont proches des hommes : ils sont en quelque sorte des hommes immortels et donc leurs secrets sont à peu près comme les notre : frappés d’interdit, mais connaissables.
En revanche, Dieu par sa transcendance est radicalement différent de nous. Ce qu’Il sait est pour nous inconnaissable – et même inimaginable. Voilà le domaine du mystère : ce qui ne peut pas se dire et surtout ce qui ne peut pas s’imaginer. Ce n’est pas pour rien que l’islam interdit les images représentant Allah.
Soit. Mais nous-mêmes, avons-nous des mystères ?
Notre seconde citation nous laisse supposer que le mystère est en nous du domaine de notre vie. Que l’âme soit faite de pensées et que ces pensées soient cachées, voire même refoulées, cela va de soi – c’est le secret. Mais la vie, dans ce qu’elle a de surgissant, d’imprévisible, de créatif, voilà ce qui échappe forcément et à notre connaissance et à notre prévision. Et pourtant cette vie-là est ce qu’il y a de plus authentiquement « nous ». Voilà aussi le domaine du mystère.
Le domaine qui par essence appartient au mystère n’est donc pas dans les étoiles ni dans l’Empyrée. Il est en nous, et Socrate, par son injonction « Connais-toi toi-même » ne fait qu’ironiser : ce que nous ne connaitrons jamais de nous-mêmes, ce qui est en nous un mystère pour nous-mêmes, c’est ce qu’il y a de plus authentiquement nous-mêmes.
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