Edmond et Jules de Goncourt – Journal 14 janvier 1861
Tout ça pour dire qu’on ne peut absolument décider s’ils prenaient ou non cette pensée comme une ironie ou bien s’il faut lui donner un contour plus radical.
C’est ce second parti que je choisis : il y a – et c’est là une source d’étonnement – des sciences inexactes, et la statistique en fait partie. Mais alors, à quoi peut bien servir une science inexacte ? La science n’aurait-elle pas pour caractéristique de tracer la ligne de démarcation entre le vrai et le faux ? Y aurait-il donc de la place pour d’autres solutions entre l’absolument vrai et le radicalement faux ?
Certes, les Goncourt n’avaient peut-être pas présent à l’esprit les travaux de Condorcet sur le rôle des probabilités en science économique, et encore moins les œuvre de Hume sur l’introduction de la probabilité dans les sciences en général. Mais si leur réflexion peut malgré tout nous intéresser, c’est que nous sommes comme eux livrés à l’incertitude de ce qui sera demain, et nous n’avons que des statistiques à nous mettre sous la dent.
On imagine facilement les candidats à une élection malmenés par les sondages dire : la statistique est la première des sciences inexactes. C’est vrai. Mais si nous prenons une comparaison avec une autre science encore relativement inexacte, telle que la météo, disons que si elle nous annonce de la pluie, ce n’est pas sûr qu’il pleuvra. Mais ça ne nous empêche pas de prendre quand même notre parapluie.
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