La philosophie, ça vient avec l'âge. Quand on a vu des guerres, des naufrages, des supplices, alors on commence à philosopher.
Raymond Queneau – Les derniers jours
…Suite de notre Post d’hier, où l’on a observé que ce qui amuse Queneau, c’est d’allumer une mèche et de vous faire coucou pour que vous veniez voir et que ça vous pète au visage. Un peu comme dans les cartoons du bon vieux temps.
[Là, voilà : vous l’avez votre nouveau fond d’écran : preuve que la Citation du jour vaut le détour.]
C’est qu’en lisant cette phrase on peut se dire que Queneau est un philosophe désabusé, qui veut nous enseigner à philosopher en sceptique, voire même en nihiliste : comment croire aux valeurs quand on a vu les horreurs de la guerre ? Et comment prétendre philosopher quand on n’en est pas arrivé là ? Voyons un peu ça.
Comme nous savons aussi que Queneau a toujours une référence culturelle dans sa manche (oui : dans sa manche parfaitement – et où voudriez-vous qu’il la mette ?), nous pensons aussi à Candide dont les horribles aventures durant la guerre avec les Bulgares ont permis à Pangloss de lui démontrer qu’il vivait dans le meilleur des mondes possibles.
- Alors, qu’est-ce que ça veut dire que de commencer à philosopher dans de telles conditions ? Faudrait-il devenir optimiste leibnizien ?
Certes, mais ce n’est pas encore suffisant.
En réalité, Candide commence à philosopher lorsqu’il nous dit que, si tout est bien dans ce qui se produit dans le monde, alors il faut cultiver notre jardin.
- Et alors ? C’est ça le pétard qui nous pète au visage ? Ne serait-il pas un peu mouillé par hasard ?
Eh... Attendez un peu : la leçon de Candide, dans ce contexte, ce ne serait pas par hasard ce qu’on appelle aujourd’hui du pragmatisme ? du genre : puisque l’euro, puisque le chômage, puisque la dette, puisque… alors il faut cultiver notre jardin ; car c’est tout ce qui va nous rester pour nourrir nos gosses.
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