L'histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir.
Jean Jaurès
[L’histoire] justifie l'invincible espoir.
Que nous réserve l’avenir ? Alors que nos ancêtres jaurésiens étaient certains de la marche inéluctable du progrès, quant à nous, nous savons que nous n’en savons rien. Car, tout ce que nous savons avec certitude, c’est que ce qui existe aujourd’hui ne sera plus demain.
Il y a même pire que ça : nous sommes devenus pessimistes, et nous sommes persuadé que nos enfants vivront moins bien que nous. Pour nous, [l’histoire] justifie l'invincible désespoir.
- Voyons ça d’un peu plus près.
Nous autres, hommes du 21ème siècle, rompus aux aléas des marchés financiers et à la médiocrité des pouvoirs politiques, nous autres qui ne croyons plus à rien et surtout pas aux promesses de nos candidats gouvernants, la certitude de Jaurès nous fait envie.
Oui, on aimerait croire que l’histoire justifie l'invincible espoir, qu’elle est en marche vers l’émancipation des hommes et l’amélioration de leurs conditions d’existence. Que ce qui les dominait depuis le début des temps vit ses derniers moments.
Ainsi, prenant le relais de l’espoir en un monde meilleur, tel qu’il apparaissait dans l’Apocalypse (1), la croyance en une marche irréversible et constante de l’histoire donne la certitude que les générations futures vivraient mieux que les générations présentes. Les hommes du temps de Jaurès y croyaient.
Cet espoir a vécu. La marche triomphante n’est plus, l’histoire est tombée en panne, son moteur a calé – de toute façon il avait un bilan carbone désastreux. Les politiciens sont impuissants et les financiers sont incapables d'éviter les catastrophes qu'ils ont contribué à déclencher. Quant aux peuples, ils se massent sur les grandes places de leurs grandes villes et n’arrivent pas à trouver des Bastilles à prendre.
Pourtant, il y a encore des hommes qui croient en l’avenir radieux, ou du moins qui sont persuadés que des individus – ou au moins des classes – sont responsables des crises et de la mise à sac de la planète, et qu’il est en notre pouvoir de les chasser et de rétablir la marche vers le progrès.
Des hommes qui croient dans le pouvoir du politique.
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(1) Après le jugement dernier, ou bien à l’issue de la victoire sur l’Antéchrist. Sur le millénarisme, voir ici.
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