Friday, October 21, 2011

Citation du 21 octobre 2011

Ce n'est pas que les peuples dont l'état social est démocratique méprisent naturellement la liberté ; ils ont au contraire un goût instinctif pour elle. Mais la liberté n'est pas l'objet principal et continu de leur désir ; ce qu'ils aiment d'un amour éternel, c'est l'égalité

Alexis de Tocqueville – De la Démocratie en Amérique I (1835)



On reproche aux adultes de parfois demander aux petits enfants : Qui tu aimes mieux ? Ton père ou ta mère ?

Eh bien c’est la même chose avec la liberté et l’égalité : ne demandez pas aux gens s’ils préfèrent la liberté ou l’égalité. Car vous les amènerez à répondre : La liberté – et donc à mentir.
C’est du moins ce que nous explique Tocqueville : la liberté demande des efforts, entendez qu’on ne peut en jouir sans effort. En revanche, l’égalité elle ne suppose pas qu’on en fasse pour en jouir. Surtout si c’est l’égalité des faibles.
Je ne parlerai pas ici de la critique de la démocratie comme menace de dégénérescence pour l’humanité par affaiblissement des forts. Nietzsche l’a considérablement traité, on s’y reportera.
Par contre, on peut légitimement se demander quelle est donc l’égalité que nous souhaitons aujourd’hui : celle qui hisse les faibles ou bien celle qui abaisse les forts ?
Alors, on peut aussi dire que ce n’est ni l’un, ni l’autre, mais que ce qu’on veut c’est l’égalité des chances. Autrement dit qu’il s’agit d’une égalité virtuelle, qui n’existe que pour qui s’en empare. Une égalité qui demande des efforts, exactement comme la liberté dont on parlait plus haut.
Parce que c’est bien beau tout ça, mais on n’y croit pas tout à fait : trop fatiguant. Ou alors qu’on soit à égalité comme avec la loterie : que chacun ait autant de chance que son voisin de gagner.
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Annexe – Texte complet :
Il y a [...] une passion mâle et légitime pour l'égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands ; mais il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l'égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l'égalité dans la servitude à l'inégalité dans la liberté. Ce n'est pas que les peuples dont l'état social est démocratique méprisent naturellement la liberté ; ils ont au contraire un goût instinctif pour elle. Mais la liberté n'est pas l'objet principal et continu de leur désir ; ce qu'ils aiment d'un amour éternel, c'est l'égalité ; ils s'élancent vers la liberté par impulsion rapide et par efforts soudains, et, s'ils manquent le but, ils se résignent ; mais rien ne saurait les satisfaire sans l'égalité, et ils consentiraient plutôt à périr qu'à la perdre.

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