Monday, May 02, 2011

Citation du 2 mai 2011

Le bonheur supprime la vieillesse.
Franz Kafka
Que faut-il comprendre ? Que les gens heureux n’ont pas d’âge ou que les vieux sont malheureux ? a vieillesse est-elle un malheur qu’il suffit d’oublier pour l’effacer ?En tout cas, et quoiqu’il en soit, on est loin, très loin de la croyance en la vénérabilité de la vieillesse, car comment croire que ce soit un âge respectable s’il nous apporte le malheur ? D’ailleurs, comment imaginer qu’on ait avec l’âge atteint un état fondamental de l’être humain – alors qu’il suffit d’un sourire de bonheur pour le détruire ?Car c’est au moins cela qu’on devrait retenir : la vieillesse est provisoire, superficielle elle tend à se dissiper dès que l’humeur change – quitte sans doute à revenir dès que la tristesse regagne du terrain.J’écris « tristesse » plutôt que « malheur » : ce n’est pas simplement pour varier l’expression. C’est qu’en effet pour comprendre la pensée de Kafka il faut sans doute parler de joie et de tristesse plutôt que de bonheur et de malheur.La joie, entendue comme le fait Spinoza, est le sentiment qui accompagne un accroissement de notre être – ou de notre perfection (1). On comprend donc que si la vieillesse est une involution de l’être, elle s’accompagne de tristesse et donc que la joie l’écarte. Faut-il entendre que la joie rajeunit ceux qui l’éprouvent ? Sans doute, à condition toutefois de bien comprendre que la joie n’est pas seulement le plaisir (même accompagné de production de testostérone !).Qu’on juge que la vieillesse soit bonne ou mauvaise n’est pas ce qui importe ; ce qui compte ici c’est de savoir si c’est un état stable et définitif. Si la joie est encore possible, alors ça veut dire que la sénilité n’est pas établie et que nous pouvons encore prendre l’ascenseur capable de nous faire grimper vers de plus hautes sphères de notre être.Jésus, que ma joie demeure ! (2)
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(1) Voir le commentaire ici. Et pour la tristesse ici.
(2) Jesus bleibet meine Freude ! La traduction française est fort douteuse. Selon une amie germanophone, on pourrait dire- soit : « Que ma joie, ma croyance en toi demeure».- Ou encore « ma joie demeure de te savoir là, présent »Les deux sont possibles car en fait la phrase allemande, est très brève et peu explicite ; volontairement ramassé ?

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