Le meilleur moyen de consoler un malheureux est de l'assurer qu'une malédiction certaine pèse sur lui. Ce genre de flatterie l'aide à mieux supporter ses épreuves, l'idée de malédiction supposant élection, misère de choix.
Emil Cioran – Écartèlement
Comment apporter une consolation à celui qui souffre ?
La réponse banale consiste à dire : Ça ira mieux demain (air connu)
Pourquoi pas ? Même si c’est un peu cucul, ce qui compte, c’est que ce soit efficace.
Mais justement : allez dire ça au malade en phase terminale ou au dépressif profond ou à l’homme victime d’une injustice grave.
Deux solutions s’offrent à vous :
- l’une consiste à faire de la maladie une occasion de mettre à l’épreuve ce que la vie commune ne permet pas. C’est ce que nous avions récemment évoqué avec Pascal.
- S’il ne s’agit pas d’une maladie, vous pouvez encore, comme le dit Cioran, affirmer qu’il s’agit d’une malédiction, un peu comme pour Job dans la Bible. Vous êtes dans le malheur, c’est sans rémission parce que ces maux vous sont imposés par Dieu Souverain.
Rien à faire, donc… Sauf à se redresser fier d’avoir été choisi pour être la victime expiatoire. « Je ne suis pas n’importe qui, si au moins Dieu m’a choisi pour me frapper. »
Attention : il ne s’agit pas de la juste punition du damné. Là, ce n’est pas Dieu qui frappe, c’est Lucifer. D’ailleurs le malheureux dont parle Cioran doit être innocent du malheur qui l’atteint. Sinon, son malheur est atténué : en regardant son nouveau paquet de cigarettes (voir ici), le fumeur peut se dire : « Oui, c’est cette abominable maladie qui m’attend. Mais au moins en attendant, justement, je prends bien du plaisir à fumer. »
L’oiseau de malheur peut donc être un consolateur.
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