Les prisons sont bâties avec les pierres de la Loi, les bordels avec les briques de la Religion.
William Blake (1757-1827)
Le christianisme a empoisonné Eros – il n’en est pas mort, mais il est devenu vicieux.
Nietzsche – Par-delà le bien et le mal (Aphorisme 168)
Faut-il traduire ? Sans doute pas.
Je m’en tiendrais donc à la seconde partie de cette déclaration : un monde sans religion serait un monde sans prostitution.
A notre époque où certains élus tentent encore d’éradiquer la prostitution, la déclaration de Blake sonne comme un éclat de rire : « inutile de taxer les usagers ; attendez que la religion s’éteigne et vous verrez disparaitre les prostituées – et les bordels qui les accueillent. »
Essayons d’y voir un peu plus clair.
La question est de savoir s’est-il prouvé que la religion a stimulé le développement de la prostitution ? C’est ce que croit Nietzsche en écrivant l’aphorisme cité plus haut.
La religion développe le vice qui à son tour développe la prostitution. La fréquentation des prostituées signale-t-il le vice ? Dans un film récemment projeté à la télé mais déjà ancien (1) une jeune fiancée pleure à chaudes larmes – ses copines lui demandent ce qui lui arrive. Elle répond :
- J’ai trouvé du rouge à lèvres qui n’était pas le mien sur le sexe de mon fiancé.
- Tu ne vas pas te marier avec un salaud pareil, quand même ?
- Mais il m’a dit qu’il avait demandé ça à une prostituée parce qu’il me respectait trop pour me le demander à moi.
Bref : le jour où nous pourrons vivre nos désirs sans retenue et où – miracle sans pareil – nous trouverons des gens qui auront justement le désir de les satisfaire – ce jour-là, il n’y aura plus de bordels.
En attendant, espérons qu’en devenant moins vertueux nous soyons devenus aussi moins vicieux…
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(1) Il s’agit de Muriel, la pauvre fille qui adorait les chansons du groupe Abba – si vous ne connaissez pas : clic ! (P.S. La séquence proposée est destinée à ceux qui ont loupé le mariage du siècle)
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