Mon Dieu, qu'il est grand ! Il paraît même plus grand mort que vivant !
Henri III (lors de l’assassinat du Duc de Guise)
Cette phrase est sans doute aussi dans l’esprit de tous ceux qui ont eu un deuil dans leur famille ou chez leurs amis. Autant dire qu’il s’agit probablement d’une vérité universelle.
Car ce qu’elle exprime, c’est la modification psychologique qui s’opère dans les sentiments après la mort d’un proche, d’un ami, d’un parent.
Comment se fait-il que celui qui est mort nous préoccupe plus que du temps de son vivant ?
- Alors bien sûr, cette question n’a pas de sens quand il s’agit d’un être très proche et très cher. La mort d’une épouse, la mort d’un enfant sont des deuils qui n’ajoutent que de la douleur à l’image que nous en avions quand ils étaient en vie. Leur taille était déjà telle qu’ils ne pouvaient plus grandir, même par la mort. Mais je persiste : dans les autres cas, il arrive que nous pensions à celui qui n’est plus, plus souvent que quand il était de ce côté-ci de la vie.
Cet effet de la mort ne s’explique apparemment pas par l’effet du deuil, du moins pas comme Freud l’a analysé ; pour lui, le deuil se caractérise par un changement de notre rapport au monde, par une perte de l’attrait que nous éprouvions pour lui. La mort des autres produit un état dépressif, qui doit peu à peu être comblé par le travail de deuil.
Mais nulle référence à cette place prise par les disparus dans notre mémoire et dans notre conscience.
Sans doute des psychologues ont-ils déjà expliqué la chose sans que j’en aie connaissance. Je sais simplement que Marie de Hennezel a écrit un livre pour dire qu’il est très important d’accompagner les mourants et de faire la paix avec eux – si tant est qu’on le puisse – concernant les conflits passés, même lointains. Parce que ce sont eux qui refont surface après – et après, c’est trop tard.
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