Et souviens-toi encore que chacun ne vit que le présent, cet infiniment petit.
Marc Aurèle
Le présent, cet infiniment petit…
Posez donc cette question à un philosophe :
- Dis-moi, Tonton Philo, combien de temps dure le présent ?
Vous allez le voir changer de couleur. Car c’est une des questions parmi les plus redoutables, que les philosophes depuis le moyen-âge au moins agitent sans arriver à en sortir vraiment. Que le présent dure longtemps ou pas, les disputes, elles durent indéfiniment.
Vous en voulez une preuve ? La voici :
La phrase de Marc-Aurèle est déjà un paradoxe : car si le présent n’est qu’un infinitésimal instant, dans la mesure où c’est « l’espace » de notre vie, alors elle est aussi infinitésimale que lui. D’où vient alors la conscience ?
Réponse : la conscience suppose la mémoire et le projet, autrement dit la durée qui enjambe allégrement les limites de l’instant aussi bien du côté du passé que de celui du futur.
Oui, mais conscience n’est pas l’Etre ; elle n’existe que dans le rapport aux autres et au monde. La durée est-elle alors autre chose qu’une illusion ?
Et voilà : la dispute est partie. Je prends bien sûr le terme de dispute au sens médiéval : disputatio (1), discussion académique entre docteurs et étudiants.
Pourquoi en parler ? Parce que je considère ça comme un révélateur : ou bien ça vous excite et alors vous avez la fibre philosophe. Ou bien ça vous casse prodigieusement les pieds et alors vous pouvez vous intéresser sans remords à autre chose.
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(1) Mot du jour – Disputatio : A l'origine, la disputatio consistait en une discussion organisée selon un schéma dialectique sous la forme d'un débat oral entre plusieurs interlocuteurs, en général devant un auditoire et parfois en public. (Lire la suite ici)
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