Avec tous les cinglés qui nous gouvernent et polluent l'atmosphère avec des tas de retombées radioactives, plus personne n'a le temps de vérifier l'exactitude d'une citation faite par n'importe qui au sujet de n'importe quoi.
Groucho Marx – Mémoires d'un amant lamentable (1963)
Bien sûr, on pourrait croire que je m’intéresse à cette citation de Groucho Marx parce que moi aussi je tire bénéfice de cette situation : dire qu’il y a mieux à faire que de pinailler pour une citation litigieuse et que personne ne vienne me chercher des noises pour une citation inexacte, quel confort !
Mais en réalité, la citation de Groucho Marx m’intéresse parce qu’on y parle de pollution, et surtout pour sa date : 1963 !
Elle illustre en effet une époque bien révolue aujourd’hui – celle où seuls les chefs d’Etats (ou d’états majors) capables de faire péter la Bombe pouvaient polluer l’atmosphère. Celle où les nuages radioactifs n’avaient pas besoin de frontières pour s’arrêter tout simplement parce qu’ils n’existaient pas – ou qu’on ne le savait pas.
Celle qui précédait même l’époque où des utopistes en peau de mouton et minibus Volkswagen proclamaient : Inactif aujourd’hui – Radioactif demain !
Oui, voilà ce qui devrait nous étonner : pour Groucho, le seul moyen de polluer l’atmosphère, c’est d’y faire exploser des bombes atomiques.
- Pas de centrales nucléaires ? C’est vrai qu’elles n’existent pas encore.
- Pas d’usines chimiques ? Pas de rejets polluants dans les rivières ? Pas de centrales thermiques au bilan carbone désastreux ?
--> Si évidemment. Mais voilà, 1963 est une époque bénie où tous ces soucis n’existent pas.
En 1963, mes chers enfants, le souci principal est de gagner sa vie en évitant de la perdre par un travail ennuyeux. Il est aussi question de faire l’amour sans faire des enfants – pas facile ; et de trouver un logement pour se tirer au plus vite de chez ses vieux parents.
Oui, voilà ce qu’étaient en 1963, les soucis des jeunes générations. Elles se foutaient (si vous me passez l’expression) de la planète, du bilan carbone et de savoir si le contenu de leur assiette était bio.
Est-ce à dire qu’elles étaient égoïstes et indifférentes au sort des autres humains ?
Pas du tout : à l’époque on cherchait le moyen de faire le bonheur définitif de l’humanité en faisant la révolution – la bonne, celle que chantait l’Internationale.
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