Thursday, May 06, 2010

Citation du 7 mai 2010

La doctrine matérialiste (1) … oublie que ce sont précisément les hommes qui transforment les circonstances [historiques de leur vie sociale] et que l'éducateur a lui-même besoin d'être éduqué. C'est pourquoi elle tend inévitablement à diviser la société en deux parties dont l'une est au-dessus de la société

Marx – 3ème Thèse sur Feuerbach (avec correction d’Engels) – 1845 [Texte complet des Thèses sur Feuerbach : ici]

J’ai réduit ce texte (qu’on lira en annexe) parce qu’il était un peu long pour constituer une citation, mais on ne peut pas le fractionner sans le dénaturer. L’idée a été résumée bien souvent avec cette formule : ce n’est pas l’histoire qui fait les hommes, ce sont les hommes qui font l’histoire… même s’ils ne savent pas qu’ils la font.

On peut remarquer que Marx retrouve ici l’idée de Kant disant dans Idée d’une histoire universelle (6ème proposition – Lire également le texte ici) que la difficulté pour trouver des hommes capables d’en gouverner d’autres est qu’ils doivent être capables de se gouverner eux-mêmes et que l’histoire humaine n’a pas encore produit ce genre d’hommes.

Le problème posé est alors celui des élites dirigeantes.

Kant est sans illusions : elle n’existent pas encore, entendons que les dirigeants ne valent pas mieux que les dirigés. Mais il faut dire aussi que Kant avait les révolutions en horreur.

En 1845, Marx estime lui aussi que c’est aux changements historiques qu’il incombe de créer l’homme nouveau, celui qui saura se gouverner avec sagesse. La révolution consiste donc à peser sur l’histoire pour qu’elle aille dans ce sens.

Oui, mais comment commencer ? Qui va orienter l’histoire dans le bon sens alors que l’homme nouveau n’a pas encore été créé ?

C’est là qu’on retrouve les élites dirigeantes du P.C. et les successeurs de Marx se sont appelés Lénine, Staline et Mao.


(1) Celle du moins que Marx réfute ici.


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Annexe. –

La doctrine matérialiste qui veut que les hommes soient des produits des circonstances et de l'éducation, que, par conséquent, des hommes transformés soient des produits d'autres circonstances et d'une éducation modifiée, oublie que ce sont précisément les hommes qui transforment les circonstances et que l'éducateur a lui-même besoin d'être éduqué. C'est pourquoi elle tend inévitablement à diviser la société en deux parties dont l'une est au-dessus de la société (par exemple chez Robert Owen).

La coïncidence du changement des circonstances et de l'activité humaine ou auto-changement ne peut être considérée et comprise rationnellement qu'en tant que pratique révolutionnaire.

Marx – 11ème thèse sur Feuerbach

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