Thursday, May 27, 2010

Citation du 25 mai 2010

Une heure d'ascension dans les montagnes fait d'un gredin et d'un saint deux créatures à peu près semblables. La fatigue est le plus court chemin vers l'égalité, vers la fraternité. Et durant le sommeil s'ajoute la liberté.

Nietzsche



L’erreur devant cette citation serait de croire que Nietzsche y considère la fraternité comme une forme de l’égalité – voire même comme un synonyme pur et simple.

Que la fraternité résulte de la fatigue qui rabote les différences entre les hommes, lorsque le plus fort et le plus faible tombent en même temps de fatigue, voilà une lecture hâtive et banalisante. Peut-être pas fausse, mais insuffisante.

La fraternité est selon Nietzsche une pseudo-valeur, de celles qui – comme l’égalité et la liberté – sont revendiquées par les faibles et les impuissants.

Regardez, nous dit-il : voyez dans quels cas la fraternité existe ! C’est quand le saint et le gredin sont au même niveau. Voyez dans quel cas une telle chose peut arriver : quand ils en sont réduits à l’impuissance.

Ça ne vous suffit pas ? Voyez encore l’égalité : si vous voulez savoir ce que c’est, alignez des cul-de-jatte sur une ligne de départ pour un 100 mètres. Vous aurez l’égalité.

Oui, mais, la liberté ? N’aurions nous pas avec la liberté une valeur que tout être humain pourrait revendiquer, une valeur que toute politique devrait inscrire au fronton de sa constitution ?

- C’est durant le sommeil [que] s'ajoute la liberté. Entendons que le royaume des songes est le seul où le désir trouve la carrière où il peut s’exprimer (1).

… A vous dégoûter de la démocratie.


(1) Lope de Vega avait dit la même chose (cf. Post ici).

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