La philosophie et la bière c'est la même chose. Consommées, elles modifient toutes les perceptions que nous avons du monde.
Dominique-Joël Beaupré
La Bière – III
Voilà encore une occasion de mesurer l’intérêt d’une citation à son caractère inattendu : si nous n’avions que son début (La philosophie et la bière c'est la même chose), saurions-nous trouver sa fin ?
Commençons par le plus facile :
- Oui, la philosophie modifie notre perception du monde, et c’est même là sa caractéristique la plus évidente. Au naïf qui traverse la vie sans jamais se demander si ce qu’il fait ou ce qu’il voit est bien comme il lui semble, le philosophe oppose une méfiance et un esprit critique qui montre que tout ça pourrait être différent, qu’il y a d’autres modèles et d’autres possibilités.
Tout cela est bien connu et Marx a même articulé là-dessus sa dernière thèse sur Feuerbach :
Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer. (11ème Thèse)
Maintenant, comment la bière transforme-t-elle notre vision du monde ?
- Déjà, il est à noter que notre citation, plus modestement, parle de perception du monde. Si je le vois double ou trouble sous l’effet de l’alcool, c’est déjà une réponse.
Pas très satisfaisant tout de même. Toutefois, on pourrait se dire que ce que la bière transforme, ce n’est pas le monde mais le sujet percevant. Les choses restent ce qu’elles sont, mais les bonshommes changent, ils sont plus réactifs, plus primitifs, plus fous, etc… Et donc le monde leur parait plus attractif, plus excitant, plus irritant, etc…
Est-ce une raison pour dire que philo et bière, c’est de ce point de vue la même chose ?
- Sans doute, du moins si on retient la conclusion de Marx : si la philosophie ne transforme pas le monde mais seulement la vision qu’on en a, elle fait la même chose que la consommation de bière.
Simplement elle est moins toxique.
Je crois du moins.
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